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Blog - Open-Source - posts for December 2008
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La semaine dernière j'ai eu l'occasion de parler lors d'une table ronde du G9+ de XWiki et de son modèle open source. Lors de cette conférence fort intéressante ou nous avons pu expliquer ce qui dans le modèle open source nous permettait de développer une entreprise solide et pérenne, il y a avait un des fondateurs de Jalios (un logiciel propriétaire) qui n'était évidement pas du tout d'accord avec notre vision.
Il a fait un billet que je trouve malheureusement à côté de la plaque, et ce malgré le respect que tout entrepreneur qui cherche à faire du logiciel en Europe mérite.
En effet, il est intéressant de voir parler de "dogmatisme des éditeurs open-source" quand en fin de ce billet on voit ceci:
"l'Editeur Open-source, qui renonce à se faire rémunérer pour la valeur qu'il crée"
"Ce surcroît de cash permet aux Editeurs Propriétaires d'attirer les meilleurs (ingénieurs et homme du marketing)"
Car ça c'est une sorte de dogmatisme et cela montre clairement que tu n'as pas du tout compris le modèle open source.
Pour peut-etre comprendre le modèle, il faut absolument que tu oublies tes réflexes venant de ton métier d'éditeur proprio. Je t'invites à lire cet article http://sethgodin.typepad.com/seths_blog/2008/12/lesson-learned.html pour bien comprendre pourquoi il faut changer de mode d'analyse quand on analyse le modèle open-source.
Pour comprendre, il faut voir qu'un éditeur de logiciel libre change radicalement ça façon de vendre sa valeur. Tout d'abord il met la priorité sur la diffusion pour obtenir une base installée la plus forte possible, pour développer sa marque et être reconnu comme ayant un savoir faire pour résoudre des problèmes particuliers.
Cette diffusion mondiale va permettre à l'éditeur de se faire connaître. Une fois que le logiciel est reconnu et même avant, à ce moment la beaucoup d'opportunités de business se forment. Financement d'amélioration directement pas un client, installations, contrat de support, formation, intégration, etc.. Et le tout avec un très faible investissement marketing et commercial. Il n'est pas nécessaire de convaincre le client puisque qu'il à installé déjà et c'est lui qui demande les services. D'autre part le développement de la marque fait que beaucoup de prospects non compétents techniquement appellent sans installer et demandent le "full service". Ce "full service" peut-etre finalement assez proche du "full-service" de l'éditeur propriétaire. La différence fondamentale est que ce full-service est moins cher car le logiciel a coûté moins cher à créer et à commercialiser. Et si seul une fraction des utilisateurs se transformeront en clients, du fait que la diffusion est en volume, cela n'a pas d'importance. Pour savoir si l'éditeur libre peut mieux ou moins bien financer sa R&D il faut finalement regarder si les leads de vente obtenus par la diffusion multiplié par le prix multiplié par le taux de closing d'un lead entrant open source est supérieur ou non au nombre de prospects qu'un commercial peut gérer le taux de closing d'un lead sortant propriétaire le prix. Il faut à cela soustraire les frais commerciaux qui sont largement supérieur dans un modèle au lead sortant que dans un modèle au lead entrant. Je schématise car évidement les éditeurs open source font aussi du lead sortant et les éditeur proprios ont aussi des leads entrant. Je ne répondrais pas à cette question car cela dépend aussi de la qualité du logiciel ! Mon point de vue c'est que le modèle est différent et il ne faut pas analyser le modèle open-source en utilisant les règles du modèles proprio, comme Alain le fait ici.
Lors de cette diffusion large, il y a des bénéfices collatéraux qui permettent d'améliorer le produit, car les meilleurs ingénieurs et homme de marketing ne travailleront ni pour l'éditeur libre ni pour l'éditeur proprio. Ils resteront chez eux, et grâce à la diffusion du logiciel libre il se trouve que donnant-donnant certains vont apporter un peu de leur expérience au projet Open Source. Et certains ingénieurs vont postuler pour travailler chez l'éditeur Open Source car ils se sentent en phase avec l'objectif du produit, ce qui permet d'avoir des ingénieurs plus motivés.
Et je voudrais ajouter que c'est bien mal connaître les motivations aussi bien des "meilleurs" pour penser que "Ce surcroît de cash permet aux Editeurs Propriétaires d'attirer les meilleurs (ingénieurs et homme du marketing)". Car il est sur et certain que les meilleurs ne fonctionnent pas uniquement au cash voir même pas du tout. Je peux par exemple prendre comme exemple certains employés d'XWiki qui lors de leur entretien d'évaluation m'ont dit "je ne veux pas d'augmentation" (ce qui ne veut d'ailleurs pas dire qu'il n'en ont pas eu). Le fait de travailler sur un logiciel libre qui dépasse l'entreprise qui le finance principalement est un argument fort en soi. Il peuvent le réutiliser dans le futur par exemple. Le fait que ce logiciel libre puisse être librement utilisé par le monde educatif, les associations, les entreprises de très petites taille est aussi un argument. Nos employés, y compris moi, sommes fier de voir XWiki utilisé par une association comme Curriki (http://www.curriki.org) ou par une association qui combat une maladie rare. Quand des entreprises contribuent un pourcentage de leur bénéfices à des causes, finalement les éditeurs open-source y contribuent avec leur travail. C'est aussi mal connaître ce qui permet de faire un logiciel. Ce n'est sûrement pas une équipe de mercenaires intéressés par le cash qui fait le meilleur logiciel et surtout pas à long terme. Ce qui fait un bon logiciel c'est la combinaison d'un équipe fidèle et d'une communauté active. C'est aussi l'ouverture du code qui permet d'obtenir des commentaires, des améliorations et qui met la barre nettement plus haut sur la qualité. Il suffit de voir combien de temps une entreprise prend pour "mettre" en open source un logiciel qui était propriétaire. Mozilla à mis un paquet d'années à transformer le code source de feu-Netscape en code accepté par la communauté. Tout le monde peut ouvrir le capot de sa voiture et regarder la tête du moteur de sa voiture. Dans le logiciel tout le monde ne peut pas faire de même avec les logiciels qu'ils utilisent. Et pourtant pour l'évolution à long terme du logiciel ce qui est sous le capot est clé.
Pour finir je pense qu'aujourd'hui il faut laisser le logiciel propriétaire aux personnes qui sont convaincus que c'est le bon modèle pour elles. Et ces mêmes personnes devraient laisser le logiciel libre à ceux qui le comprennent. Et aux clients de voir ce qui est mieux pour eux. Si on veut partager notre code c'est peut être notre problème non ?