Tristan a publié un billet sur Loic qui a répondu une fois puis une deuxième fois. Puis Tristan calmé le jeu.
J'en ai parlé à Tristan en lui disant que je ne voyais pas trop l'interêt de son billet, et que le risque était qu'on pense qu'il ne l'avait pas écrit par hasard. Peut-être etais-ce juste une maladroite façon de reprocher l'omnipresence de la blogosphère commerciale par rapport à la blogosphère amateur.
Mais en fait à mon sens cette omniprésence est surtout un problème des médias qui ont une facheuse tendance à s'intéresser surtout au monde commercial. Evidement l'entreprise de Loic à une certaine responsabilité dans la mesure ou elle profite bien de ce fait et n'a pas de raison de rétablir une quelconque balance sur le sujet.
On peut en effet reprocher à Loic de pousser dans cette direction par des billets sur des exemples de bloggeurs qui gagnent de l'argent ou pourraient gagner de l'argent.
Personnellement je suis aussi irité par le statut qui est donné à Loic de jeune entrepreneur à succès ou "serial entrepreneur" (comme cela est utilisé par-ci-par-la). Il n'est pas non plus responsable de la médiatisation qui à été fait de ses "succès" dans ses entreprises précédentes. Les guillements autour de "succès" sont volontaires, car en effet j'ai du mal à considérer comme un succès le fait de developper une entreprise et d'avoir du (ou voulu) la vendre relativement rapidement. J'ai tendance à plus valoriser le succès à long terme d'une entreprise et je n'ai pas le sentiment que jusqu'à maintenant ces entreprises qui ont rapporté pas mal d'argent à Loic ont eu des destinées glorieuses une fois qu'il les a quittées (ce qui prouve sûrement que c'est un très bon chef d'entreprise). Je ne sais pas l'image que Loic a des ses experiences passés et le recul qu'il peut avoir sur celles-ci, mais la Loic est involontairement victime de la montée dans l'imaginaire public de la mesure du succès par l'argent, qui est quelque chose qui m'irite (et je ne suis sûrement pas le seul).
Par contre, si je peux me permettre de reprocher quelques choses dont Loic est directement responsable ce sont les choses suivantes:
- pourquoi appeler une conférence qui traite à 90% sur les blogs "Blogs et logiciels sociaux" et encore moins bien "Internet 2.0" comme cela à été le cas au début. En effet n'est-ce pas un peu prétentieux de déclarer plus ou moins qu'Internet 2.0 ce sont les blogs. Il y a d'autres logiciels et services très intéressants qui peuvent faire partie de cette vague comme les delicious, blogmarks, wikis, 43things, flickr, 6nergies ou LinkedIn et même le phénomène des logiciels libres. Et si l'ont regarde le programme de la conférence, on voit que même pour la table ronde sur "where are we going ?", 3 des membres sont des fournisseurs d'outils de blogs. Et les autres sujets sont uniquement sur les blogs. Même Ross Mayfield va parler de "corporate blogging" et non de wikis. Je comprends tout à fait que Loic fasse une conférence sur les blogs surtout quand cel a ne dure qu'une journée car il faudrait sûrement beaucoup plus pour traiter des autres sujets.
- mon autre reproche est sur la phrase suivante que Loic à utilisée dans son billet de réponse à Tristan (j'ai commenté dans son blog):
"Le logiciel libre est la solution idéale pour certains, l'engagement de qualité, de support technique, la responsabilité et la garantie d'une évolution constante est importante pour d'autres, en particulier les entreprises de plus en plus nombreuses à utiliser les blogs."
Je dois m'inscrire en faux sur cette phrase car elle laisse penser qu'un logiciel libre ne peut pas avoir un engagement de qualité de support technique, de responsabilité et de garantie d'une évolution constante.
Sache que le monde du logiciel libre ne se limite pas aux logiciels fait par les communautés mais peut aussi être supporté par des entreprises qui s'engagent:
1/ Il existe des entreprises qui offrent des contrats de supports sur des logiciels libres. Voir par exemple l'offre de tierce maintenance de Cap Gemini et Linagora:
http://www.zdnet.fr/techupdate/infrastructure/0,39020938,39196270-2,00.htm
2/ D'autre part certains logiciels libres sont backés par des entreprises offrant non seulement du support mais assurant aussi de la R&D. Au hasard: RedHat, Suse, Mandrake, JBoss, eXoPlatform, XWiki, MySql. Il y a une logique tout à fait économique à l'usage du logiciel libre dans la mesure ou le coût de prospections est enormément reduit et on peut "attendre le coup de téléphone" pour vendre des prestations. JBoss annonce une division par 25 du coût de vente. Les gains ainsi réalisés peuvent être utilisés en R&D.
Je respectes personnellement tout à fait les offres propriétaires, mais il serait agréable que les éditeurs propriétaires ne desinforment pas (volontairement ou parce qu'ils ne savent pas) sur les capacités des éditeurs de logiciels libre à offrir des solutions professionels au monde de l'entreprise.
Hormis ces petites choses je n'ai rien à reprocher à Loic que j'ai trouvé très sympa (malgré le fait qu'il soit investisseur chez SocialText qui est un de mes concurrents dans le monde des wikis) à chaque fois que je l'ai rencontré et qui en effet au moins se bouge alors qu'il pourrait se dorer au soleil. Sa justification de son chemin chez UBlog et SixApart et très intéressante et montre une bonne analyse du marché et de la concurrence. Il est vrai qu'il n'est pas très réaliste aujourd'hui de concurrencer des mastodontes comme Yahoo, Google ou MSN à partir d'une petite entreprise Française. Peut-être que justement le logiciel libre (celui qui est accompagné d'une offre professionnelle) est une façon de concurrencer ces monstres américains d'une façon différente.
